Véronique ATTIA poursuit sa quête du temps vers des civilisations anciennes auxquelles appartiennent les personnages de la série MÉMOIRES ANCESTRALES, Ces êtres dont elle ne présente que les têtes, au mieux les portraits en bustes, toujours placés sur des fonds non signifiants mais très ouvragés, sont souvent dissimulés sous des masques rappelant l'Afrique tribale, les lointaines îles océaniennes. Si le visage est nu, il est coiffé de couronnes de mèches rigides, crins, bijoux, fruits ou feuill1
Véronique ATTIA poursuit sa quête du temps vers des civilisations anciennes auxquelles appartiennent les personnages de la série MÉMOIRES ANCESTRALES, Ces êtres dont elle ne présente que les têtes, au mieux les portraits en bustes, toujours placés sur des fonds non signifiants mais très ouvragés, sont souvent dissimulés sous des masques rappelant l'Afrique tribale, les lointaines îles océaniennes. Si le visage est nu, il est coiffé de couronnes de mèches rigides, crins, bijoux, fruits ou feuillages séchés… Les lèvres sont épaisses, leur donnant un caractère négroïde (n'oublions pas que Lucy était "africaine"), le nez est aquilin, les yeux aux multiples cernes ondulés sont souvent vairons. Mais ce visage disparaît parfois sous un ovale dépourvu de tout signe facial.
Les titres tels que “Chaman", "Evolution", "Jeune fille de Pompéi" corroborent cette recherche du temps perdu, disparu ; évoquent avec "Femme lion", "De l'oubli" les cérémonies de naguère, personnalisant les animaux sauvages ; replongent dans des coutumes ancestrales avec "Chacun ses légendes", dans lequel un petit humain, un enfant peut-être, tend sa main vers l'épaule d'un personnage qui lui paraît immense et dont le casque emplumé suggère qu'il s'agit d'un sorcier. Parfois, Véronique Attia va jusqu'à évoquer ses référents, lorsqu'elle intitule une œuvre "Tristes tropiques" en hommage à l'ethnologue Claude Lévi-Strauss dont l'ouvrage éponyme mêle souvenirs de voyages et méditations philosophiques. Mais d'autres fois, elle quitte momentanément le passé pour en venir, elle aussi, à des questionnements éternels : "Qui suis-je ?", "Dualité", "Jamais seul", montrent un personnage et son double, les deux autres un visage qui se dédouble. Elle en est même venue à des œuvres prémonitoires comme celle qui pourrait tout à fait être d'actualité, "Sauver le monde", où homme et enfant tendent la main vers un animal indéfinissable, dont seule la tête émerge de sa crinière...
Extrait du texte " Véronique Attia et la quête du temps", Jeanine Rivais, critique d'art chez Revue "Trakt, brute et singulière", n°20, p.73-78, 2023.
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